Pour le retour de la rédac’ a testé pour vous, nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir le groupe GoGo Penguin qui fut en concert au théâtre Le Quai à Angers mercredi 14 décembre. Le trio de Manchester GoGo Penguin ne paye pas de mine quand il entre sur la scène du T400. L’allure dégingandée de Rob Turner à la batterie, Nick Blacka à la contrebasse et Chris Illingworth au piano, intrigue avant même que la première note ne se fasse entendre…
Murmuration
ouvre leur set et nous propulse vers une ambiance froide, précise, et
envoutante. Esbjörn Svensson Trio n’est pas
loin, les parties minimalistes du pianiste d’Avishaï Cohen (contrebassiste)
non plus ! Ils continuent avec le morceau Break qui contraste entre
la simplicité de la mélodie débutant le morceau et le grand crescendo le
concluant. D’ailleurs, ils excellent pour terminer leurs morceaux en plein climax,
ce qui nous laisse encore plus avides d’en découvrir
d’autres ! Le planant In Amber, puis The Letter, qui est
une prouesse d’harmonies riches de résonances, suivront.
La
rondeur de la contrebasse porte le groupe, la rythmique de la batterie est si
riche qu’il en devient même compliqué de taper du pied en rythme, quant au
piano, il relie tout cela en apportant cette touche de simplicité parfois
(souvent) arythmique.
Tels des
OVNI musicaux, ces pingouins anglais sont époustouflants. On ne cherche même
pas à savoir si on écoute du jazz, de la world music, de la musique
électronique. Parfois, quand on ferme les yeux, on croirait entendre une
contrebasse transformée en guitare électrique, d’autres fois, on aurait envie
de se lever et de danser dans une salle obscure, aux lumières tamisées mais
avec des stroboscopes affutés.
Pour
illustrer cela, Rob Turner, le Gogo batteur pingouin, a sa propre conception du
jazz, lisez plutôt : « Le jazz est une catégorie dans laquelle on place
tout autant Ornette Coleman que Robbie Williams lorsqu’il est accompagné par un
Big Band. […] Ce terme manque de précision et ne sert donc pas à grand-chose :
un peu comme le mot « mammifère » qui désigne tout autant la baleine
que le hamster. Les gens dépensent tellement d’énergie dans des discussions qui
n’en finissent pas au sujet de ce qui est jazz ou non… Vous avez forcément
tort, à partir du moment où vous acceptez de rentrer là-dedans. L’important
pour nous est d’écrire de la bonne musique, c’est là-dessus que nous préférons
nous concentrer. »
Bien dit
Monsieur le pingouin, et c’est là la force de ce groupe, de mêler plusieurs
styles tout en restant tout à fait nouveau ! Une valeur ajoutée au jazz
d’aujourd’hui. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont été signés chez le si célèbre
label Blue Note. Certains disent que le jazz est mort ? Aujourd’hui, il
est on ne peut plus vivant ! Long live jazz music !
Orianne B.
Photos : D.R.