lundi 21 mars 2016

Hildegard et Link : deux groupes à consommer sans modération

Hildegard Lernt Fliegen

Début décembre aux Ponts-de-Cé un rendez-vous intitulé « Temps Fort Jazz » et le premier soir au Théatre des Dames est programmé le groupe suisse Hildegard.

Diantre quelle joyeuse coïncidence que cette association ! Car bien moins béotiens que moi vous savez tous que la fameuse Dame Hildegard, Bénédictine de son état, mère abbesse de son abbaye, auteur de nombreux ouvrages de médecine, de pharmacopée de philosophie et de théologie était également versée dans la musique au point de produire pas moins de 70 chants liturgiques et un drame comprenant 82 mélodies. Devant tant de talents ses pairs n’hésitèrent pas à la déclarer comme 3 de ses consœurs « Père de l’Eglise ». Oui parce que « Mère de l’Eglise » faut quand même pas pousser ! Quand vint le temps de la sanctifier ses écrits sur la sensualité ont pesé lourds dans la balance et nos bons pères se contentèrent de la béatifier. Rassurez-vous tout est bien qui finit bien comme disait Tryphon, elle est sanctifiée depuis 2012.

Un peu d’histoire ne fait pas mal mais en relisant le programme je m’aperçus que cette Hildegard n’était pas palatine, mais helvète et répondait au nom complet de Hidergard Lernt Fliegen. Et bien si votre route croise cette Hildegard là n’hésitez pas à faire un détour pour l’écouter. C’est tonique, harmonieux (ou nique), déjanté à souhait.

Andreas Schaerer, fondateur du groupe, compositeur de tous les morceaux manie (ou manipule) sa voix du lyrique au beatbox en passant par le scat, soutenu par un quatuor cuivre et percussion réglé comme un coucou suisse.

A déguster avec un carré de chocolat.


LiNK

Encore début décembre dans le cadre de la programmation de l’École de Musique de l’Anjou Bleu une rencontre avec un trio de musiciens aguerris de la scène du jazz emmené par le saxophoniste Julien Behar.

On va débuter par ce qui fâche ! La salle d’audience de l’ancien tribunal avait sûrement son charme (suranné) pour rendre la justice et dire le droit mais pour écouter de la musique ce n’est pas tout à fait le top. Ma voisine de gauche n’entendait pas, ou mal, le piano et mon voisin de droite avait quelques soucis avec la percussion. Ma position intermédiaire m’a sauvé.

Ce trio répond au doux nom de Link, le voilà le chaînon manquant. Cinq compositions récentes de Julien Behar, dont la variété et l’éclectisme raviront les tenants de tel ou tel courant. Mes limites musicologiques me font dire qu’une musique est bonne non pour ses qualités techniques auxquelles je me garderai bien de porter un jugement mais parce qu’elle me fait voyager dans l’espace et le temps loin de ce vilain monde et me le fait voir meilleur.

Alors oui, sous le charme d’un pianiste aux allures par moment petruccianesques, d’un percussionniste aux bras de Shiva et d’un saxophoniste parfois trop timide, (bon sang Julien c’est toi cette musique !) oui j’ai fait un long voyage très long voyage bien plus long que cette heure de concert.

Vivement le CD !


Alain