En ouverture de son festival, le Saveurs Jazz proposait une double
dégustation : les vins parfaitement honnêtes de La Grange aux Belles, présentés très succinctement par Julien
Bresteau et des chansons de Serge Gainsbourg, servies par le sextette Lila Et Cætera.
© Jean Thévenoux |
Gainsbourg, c’est un génie de la
musique (et de la reprise…), mais dans son aura flotte un vague petit nuage de
machisme, un univers très mâle, de banquettes au fond d’un club, cigarettes
whisky et p’tites pépées. Alors, une nana (Lila Tamazit) qui va chanter du
Gainsbourg début de carrière*, on veut voir ça ! On l’attend un peu au
tournant… mais le virage est fort bien pris !
Faut dire, le menu proposé est
particulièrement bien choisi : Lila et ses musiciens ont fait leur marché
dans le répertoire des premières chansons de l’artiste ; beaucoup plus
gainsbouriens que gainsbarrés, les textes choisis sont de belles pépites !
On se surprend à (re)découvrir la puissance poétique, la sensualité, la
métronomie de ses mots (Ces petits riens),
mots très simplement dits ou chantés par Lila.
Ce Gainsbourg au féminin, ça
marche ! Un petit miracle se produit ; tout en sensibilité, la
chanteuse ne fait pas dans le truc à la mode, « la reprise du gars très
connu et qu’on va lui faire un hommage, mais que bien sûr on va personnaliser,
adapter, bidouiller et malheureusement parfois massacrer… »
Non, c’est Gainsbourg qui chante,
voix féminine ! Et là c’est un vrai bonheur.
Bon ben moi, je vais ressortir
mes vieilles galettes, années 59 à 63, en attendant de peut-être revoir un jour
dans la région Lila Et Cætera, mais sans dégustation œnologique, pour
mieux profiter de leur savoureuse prestation.
*Ses premières chansons, Gainsbourg les écrit pour lui. C’est bien plus tard qu’il composera pour de nombreuses chanteuses.
Jean T
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