Antoine,
saxophoniste, est originaire de Toulon. Élève de Nicolas Folmer
pendant 7 ans au conservatoire, prépare actuellement un master
pédagogique dans une école à Lausanne dans le but d’enseigner.
Il joue cette année avec N. Folmer dans son groupe Horny Tonky. Les
années précédentes il s'est produit avec José Caparros, Pablo
Gil et Maria Alexandra sur le festival.
« À
mon âge, c'est une chance, ça m'ouvre des perspectives d'évoluer
avec des musiciens exceptionnels, c'est l'extase ! Le poste
de technicien en tant que bénévole m'a permis de me rendre compte
du travail fourni. Ils sont les premiers levés et les derniers
couchés. Ils font 50 % de notre boulot, rien n'est possible
sans eux. C'est devenu mon deuxième métier, c'est complémentaire,
un côté artiste et l'autre technicien. Le fait de travailler
tous ensemble donne un plan plus large de l'attente du public pour
l'emmener dans notre univers. Il faut se remettre en question, sur la
technique, sur la musicalité. L'échange avec le public nourrit le
musicien. Être un grand musicien demande beaucoup d'humilité et de
gratitude, il faut savoir rester simple, juste, honnête et
accessible. Ces valeurs m’ont été transmises par mes parents et
N. Folmer. La certitude n’est pas de mise, on peut avoir une idée
précise des choses, mais il ne faut pas être dans la recherche de
l'excellence pour l'excellence. Une bonne maîtrise instrumentale
donne l'émotion. On n'est pas obligé de réfléchir, on laisse
juste la musique couler.
D'origine
italienne par ma grand-mère, mon père adore cuisiner, il nous a
transmis cette passion. J'aime beaucoup faire du risotto : faire
revenir dans une casserole le riz spécial Arborio avec du beurre et
des oignons, jusqu'à ce qu'il soit translucide. Préparer un
bouillon de viande ou de légumes, ajouté au fur et à mesure. Cela
nécessite une surveillance continue. La touche finale parfaite,
c'est d’incorporer du beurre, un peu de crème liquide et pas mal
de parmesan italien. Servir ce plat avec des petits filets de poisson
de lac ou de rivière comme la truite. L'agrémenter avec un peu de
basilic et dresser les filets en éventail sur le risotto avec un
zeste de citron. À déguster avec une bonne bouteille de rouge :
le Cunan 2002, un Bandol.
En dessert, j'aime bien le tiramisu au café mais je préfère le
gâteau aux noix avec de la crème anglaise, gâteau nantais de ma
grand-tante. Je connais un restaurant français, Le
pied de cochon,
à Paris, ouvert toute la nuit. Les serveurs sont habillés en grand
tablier blanc, la décoration date des années 40. Ils servent dans
de vieilles assiettes une gastronomie traditionnelle française.
Depuis que je suis dans le ventre de ma mère, j'ai été bercé par
de la musique. Mon père est mélomane, pianiste et trompettiste. Il
m'a permis d'avoir une culture musicale jazz, pop française et
anglaise, classique... Je peux lui poser n'importe quelle question,
lui jouer n'importe quelle mélodie, il connaît l'année de l'album,
son compositeur et les anecdotes de studio. Il est pour moi la
médiathèque française. Il n'a pas été là pour nous imposer la
musique : « vous en faites ce que vous voulez ».
Cette approche m'a appris à développer mon oreille, à digérer ce
que j’entends. Les études m'ont montré qu'il faut aller plus loin
dans la musique. Pour pouvoir dire qu'on la comprend, il faut faire
du jazz, il faut en passer par là. Avec le jazz, on développe
l'harmonie, on comprend les différentes tessitures d'instruments,
trompette, hautbois, violon... Après on montre qu'on est là et
qu'on est prêt à travailler. »
Cet
esprit lucide est une réelle force pour Antoine, quelle philosophie
de vie !!!
Propos recueillis par Gisèle et Nadège
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