samedi 18 juillet 2015

La rédac' a testé pour vous la balade jazz & conte avec Kwal et Des Lions pour Des Lions

Les pieds dans l’eau, les trombonistes de la fanfare doux-dingue Des Lions pour Des Lions accueillent quelques 150 spectateurs Place du Moulin sous la tour. 

En procession, nous suivons le bord de l’Oudon au rythme solennel du tambour, jusqu’à notre premier rendez-vous avec le conteur/slameur Vincent « Kwal » Loiseau sous un saule pleureur.

Celui qui se définit comme un « chasseur d’anecdotes » partage ses souvenirs de voyages. Nous traversons avec lui le Mali, l’Inde des Ladakhis, et même Pissote, en Vendée. Notre itinéraire est semé de personnages touchants. Une vache est transformée en sac de contrefaçon suite à sa rencontre avec un train. Adi l’enfant de la rue devient chanteur à Bamako. Tata Marie, vendéenne pure souche, offre des biscuits boudoirs périmés depuis 1992 à tous ses visiteurs. 

Entre les Chroniques des Bouts du Monde poétiques et tendres de Kwal, Des Lions pour des Lions battent le tambour, soufflent dans leurs cuivres et rugissent des onomatopées avec une énergie décoiffante. Une balade originale qui réunit deux univers. Laissons Kwal résumer l’instant : « Il n’y a pas de hasards, que des rendez-vous ».

Hélène

Antoine, saxophoniste, est originaire de Toulon. Élève de Nicolas Folmer pendant 7 ans au conservatoire, prépare actuellement un master pédagogique dans une école à Lausanne dans le but d’enseigner. Il joue cette année avec N. Folmer dans son groupe Horny Tonky. Les années précédentes il s'est produit avec José Caparros, Pablo Gil et Maria Alexandra sur le festival.

« À mon âge, c'est une chance, ça m'ouvre des perspectives d'évoluer avec des musiciens exceptionnels, c'est l'extase ! Le poste de technicien en tant que bénévole m'a permis de me rendre compte du travail fourni. Ils sont les premiers levés et les derniers couchés. Ils font 50 % de notre boulot, rien n'est possible sans eux. C'est devenu mon deuxième métier, c'est complémentaire, un côté artiste et l'autre technicien. Le fait de travailler tous ensemble donne un plan plus large de l'attente du public pour l'emmener dans notre univers. Il faut se remettre en question, sur la technique, sur la musicalité. L'échange avec le public nourrit le musicien. Être un grand musicien demande beaucoup d'humilité et de gratitude, il faut savoir rester simple, juste, honnête et accessible. Ces valeurs m’ont été transmises par mes parents et N. Folmer. La certitude n’est pas de mise, on peut avoir une idée précise des choses, mais il ne faut pas être dans la recherche de l'excellence pour l'excellence. Une bonne maîtrise instrumentale donne l'émotion. On n'est pas obligé de réfléchir, on laisse juste la musique couler.


D'origine italienne par ma grand-mère, mon père adore cuisiner, il nous a transmis cette passion. J'aime beaucoup faire du risotto : faire revenir dans une casserole le riz spécial Arborio avec du beurre et des oignons, jusqu'à ce qu'il soit translucide. Préparer un bouillon de viande ou de légumes, ajouté au fur et à mesure. Cela nécessite une surveillance continue. La touche finale parfaite, c'est d’incorporer du beurre, un peu de crème liquide et pas mal de parmesan italien. Servir ce plat avec des petits filets de poisson de lac ou de rivière comme la truite. L'agrémenter avec un peu de basilic et dresser les filets en éventail sur le risotto avec un zeste de citron. À déguster avec une bonne bouteille de rouge : le Cunan 2002, un Bandol. En dessert, j'aime bien le tiramisu au café mais je préfère le gâteau aux noix avec de la crème anglaise, gâteau nantais de ma grand-tante. Je connais un restaurant français, Le pied de cochon, à Paris, ouvert toute la nuit. Les serveurs sont habillés en grand tablier blanc, la décoration date des années 40. Ils servent dans de vieilles assiettes une gastronomie traditionnelle française. 

Depuis que je suis dans le ventre de ma mère, j'ai été bercé par de la musique. Mon père est mélomane, pianiste et trompettiste. Il m'a permis d'avoir une culture musicale jazz, pop française et anglaise, classique... Je peux lui poser n'importe quelle question, lui jouer n'importe quelle mélodie, il connaît l'année de l'album, son compositeur et les anecdotes de studio. Il est pour moi la médiathèque française. Il n'a pas été là pour nous imposer la musique : « vous en faites ce que vous voulez ». Cette approche m'a appris à développer mon oreille, à digérer ce que j’entends. Les études m'ont montré qu'il faut aller plus loin dans la musique. Pour pouvoir dire qu'on la comprend, il faut faire du jazz, il faut en passer par là. Avec le jazz, on développe l'harmonie, on comprend les différentes tessitures d'instruments, trompette, hautbois, violon... Après on montre qu'on est là et qu'on est prêt à travailler. »
Cet esprit lucide est une réelle force pour Antoine, quelle philosophie de vie !!!



Propos recueillis par Gisèle et Nadège

3 questions à Thibaud Rouvière, guitariste de Minuit10

Minuit10 est un quatuor issu de l’Institut Musical de Formation Professionnelle qui fait partie du réseau Jazz Émergence. Ses influences éclectiques nous transportent, entre jazz, rock et musique du monde.


Comment fonctionne le réseau Jazz Émergence et que vous apporte-t-il ?

Jazz Émergence regroupe cinq centres de formation de la musique et permet tous les ans à un groupe de musiciens issu de chaque école de se produire sur plusieurs dates, notamment sur des festivals jazz tels que le Saveurs Jazz, Avoriaz ou encore Jazz à Marciac.
C'est une super opportunité pour nous, bien sûr, puisque c'est un moyen de se faire connaître ailleurs que dans notre région, de rencontrer les membres des autres groupes, des professionnels du spectacle et surtout des publics différents.

Votre formation ne compte pas moins de trois Rouvière ! Comment la musique est-elle entrée dans votre famille ?

Minuit10 est composé de quatre musiciens, dont trois sont issus de la même fratrie. Tous les trois, nous avons eu la même éducation musicale et vibré avec les mêmes artistes. Les expériences musicales de chacun se sont multipliées. Le groupe est né de la fratrie en 2009. Matis, notre bien-aimé bassiste, nous a rejoints en janvier 2013. À son arrivée le son du groupe a pris une autre envergure, sa sensibilité artistique nous inspire et nous soutient dans nos créations. Il est comme un quatrième frère pour nous.

Si vous deviez comparer votre musique à des saveurs culinaires, quels ingrédients choisiriez-vous ?

Prenez une ratatouille à la provençale, accompagnée de pommes de terre en robe des champs. Le tout doit mijoter à petit feu sous haute surveillance du chef. Assaisonnez et saupoudrez de garam masala, de coriandre, de curry, d’une pincée de safran et d’un soupçon de piment d’Espelette. La recette est en perpétuelle évolution mais elle vous donne déjà, si les ingrédients sont habilement dosés, une petite idée de l'ambiance épicée engendrée par le son de Minuit10 sur scène.


Hélène et Anne-Cécile