mardi 27 novembre 2018

3 questions à Ronan Prual, contrebassiste de No Tongues.

Crédits : Les Productions du Mouflon
3 questions à Ronan Prual, contrebassiste de No Tongues. Un groupe d'aujourd'hui qui explore les sonorités du passé. Envoûtant. 

Comment est né votre quartet et comment définissez-vous votre style musical ?

Le quartet a été initié par Matthieu Prual à la suite de sa découverte du disque « les Voix du Monde » paru aux éditions « Le Chant du Monde » en 1996. Ce dernier présente à l’auditeur une suite d’enregistrements musicaux menés par de nombreux ethnomusicologues entre 1924 et 1995, et réalisé par Hugo Zemp, Bernard Lortat-Jacob et Gilles Léothaud. Matthieu explique : « La découverte de ce disque fût pour moi comme un tremblement de terre et un grand souffle d’ouverture comparable à mes premières écoutes de la création contemporaine et à la découverte des musiques improvisées. » No Tongues, ce sont quatre instrumentistes ancrés dans la modernité, qui s’exilent dans un répertoire vocal ancestral. 


Comment s'est construit votre projet Les Voies du Monde et où avez-vous puisé vos inspirations ?

Le processus créatif des « Voies du Monde » peut être résumé ainsi : une sélection de pièces dans le disque original, la traduction instrumentale la plus fidèle possible du matériau choisi, puis le décalage vers une interprétation personnelle. La source qui nourrit ce travail : un chant de funérailles aux consonances de jeu d’enfant, Fernand Bordage menant ses bœufs aux labours dans le marais vendéen, deux femmes inuits jouant un chant de gorge ponctué de rires, la dernière chamane Selk’nam de la Terra del fuego égrainant ses litanies couleur de roche… Un chemin dans l’imaginaire et la force musicale créée par les humains au fil de leur évolution. 


Comment s'organise l'écriture au sein du groupe et quelle place y tient l'oralité propre aux traditions vocales que vous explorez ?

La méthode d’« écriture » est essentiellement orale, par écoute intensive, imitation, répétition. Puis la transformation et la mise en forme des chants sont issues du malaxage du matériau musical par la pratique et l’improvisation. Un travail particulier s’applique aux tentatives d’imitations des timbres des voix. Parfois, les quatre musiciens utilisent des objets qu’ils appliquent à leurs instruments (pinces à linge, appeaux, bouts de bois ou de métal, baguettes, brosses…) et approchent ainsi au plus près de textures vocales rugueuses et protéiformes. 


Ne manquez pas le concert de No Tongues samedi 4 décembre 2018 à 19h au Cargo à Segré (évènement facebook), dans le cadre de Jazz Tempo (entrée libre)

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