L’OTPMD se nourrit d’une myriade d’influences, réunies dans
son dernier album Rotorotor avec une précision déconcertante, mêlée d’une
énergie remarquable.
Comment s’organisent la composition et l’écriture au sein du
groupe ?
Je suis à l'origine de la plupart des morceaux, qui restent
collectifs : nous partons en général d'une ligne de basse et d'un groove.
Parfois j'ai une idée de thème ou de riff un peu plus précis, mais le plus
souvent, notre base est très minimaliste. Ensuite nous improvisons tous
ensemble sur cette base... des idées se dégagent, nous enregistrons tout puis
je fais des propositions par rapports à nos impros. En cas de difficultés à se
mettre d'accord, j'ai toujours le dernier mot. C'est une des idées fondatrices
de ce groupe : je ne ferai jamais de compromis, tous les musiciens qui nous
rejoignent le savent et l’acceptent. Les textes sont écrits en grande majorité
par Wilf, notre batteur écossais, qui se base sur les improvisations de Liz, la
chanteuse.
Pour votre album Rotorotor, qu’a apporté le producteur John Parish[i] à votre musique ?
Il a réussi à retranscrire une énergie, une poésie que l'on
ne retrouvait que sur scène. Étant une des personnes les plus bienveillantes
que l'on puisse rencontrer, il nous a mis très à l'aise pour que nous soyons
capables de donner le meilleur de nous-mêmes. Tout ça de façon très subtile. Il
a peu touché aux structures des morceaux, n'intervenant qu'ici ou là, pour
enlever quelques mesures, proposer un overdub[ii]. C'est un ensemble de
petites choses qui font que son travail est exceptionnel.
D’où est venue l’idée de mettre à l’honneur Marcel Duchamp dans le nom de votre orchestre ?
Une idée de notre tromboniste Mathias Forge, investi dans
l'art contemporain. Ça collait bien à ce que je voulais : Duchamp a
toujours refusé d'être catalogué dans un courant, il a toujours nié être
dadaïste ou surréaliste, même s'il en était proche. Son droit à la paresse
qu'il revendiquait, son grand humour, m'ont beaucoup touché. C'était aussi pour
créer une tension avec orchestre tout puissant, appellation très courante des
orchestres d’Afrique de l'Ouest. La volonté de rassembler des mouvements
contradictoires. Mais c'était quand même une blague au départ, il y a avait pas
de grand concept derrière tout ça.
[i] Musicien
et producteur anglais, il a notamment collaboré avec PJ Harvey.
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